La nuit effleurée

L'idée que nos lèvres s'agencent exhume une frissonnante félicité. Deux perles d'azur scintillent dans le soir écarlate, fixant impatiemment le mouvement de mes mains. J'effleure sa peau aux accents de pêche, dégage la soie qui cache jalousement ses seins. C'est le souffle coupé que nos désirs s'embrasent, que des langues de feu consument nos instincts. Un voile lunaire s'allonge sur sa joue et les soupirs rauques enfument le jardin des passions. Serpents en fusion enlacés dans le chaos, nos corps de mille étoiles se fondent en constellations. Sur une vague de plaisir on vogue en douceur, laissant soin au hasard d'écrire notre histoire. Le matin lève un drap fulminant de soleil et l'oiseau chante une comptine pour l'automne. Escaladant le mont de l'extase vers l'envoûtante éruption, nous étreignons nos corps dans la volupté suspendue. De baisers en morsures nous chevauchons nos cœurs, suavement gorgés de nos ébats en noirceur. Insatisfait du trop peu nous réquisitionnons les heures, abandonnant l'existence au passé qui se meurt.